IL BOEMO

IL BOEMO

IL BOEMO

Réalisateur(s) : Petr Václav
Acteur(s) : Vojtěch Dyk, Barbara Ronchi, Elena Radonicich
Genre(s) : Drame
Origine : Italie
Durée : 2h10
Synopsis : 1764. Dans une Venise libertine, le musicien et compositeur Josef Myslivecek, surnommé « Il Boemo », ne parvient pas à percer malgré son talent. Sa liaison avec une femme de la cour lui permet d’accéder à son rêve et de composer un opéra. Dès lors sa renommée grandit, mais jusqu’où ira-t-il ? La vie, l’œuvre et les frasques d’un compositeur de génie oublié que le jeune Mozart admirait.

« Je me suis aveuglé sur mon destin. » On ne saurait mieux dire que Josef Mysliveček lui-même, tant ce compositeur bohémien – surnommé Il divino Boemo par un public italien conquis – n’entra pas dans la légende de la musique avec la même maestria que son contemporain, le jeune Wolgang Amadeus Mozart (qui signe son premier opéra à l’âge de onze ans). Besogneux, peu habile à cultiver l’entregent dont aucune carrière ne saurait se passer, Il Boemo parvint à faire exister sa musique grâce aux femmes qui croisèrent sa route, depuis les miasmes vénitiens de ses débuts jusqu’aux triomphes napolitains de son apogée. Déjà auteur d’un documentaire sur Josef Mysliveček, le cinéaste tchèque Petr Václav propose ici un biopic d’une revigorante modernité, rendant justice au rôle prépondérant des personnages féminins – marquise, prima donna ou simple servante éprise du bellâtre – dans le succès que la grande histoire de la grande musique retiendra comme celui d’un seul homme. La mise en scène excelle dans la peinture saisissante d’un XVIIIe siècle décadent. Témoignant de ce temps où l’opéra était le lieu au cœur des interactions sociales les plus triviales, la vibrante caméra de Petr Vaclav s’attarde sur les visages exaltés des cantatrices, comme se consumant à force d’exsuder les arias les plus résolument célestes. Portrait d’un artiste littéralement dévoré par son art davantage que par son ambition, mais également portrait d’une société patriarcale qui exige de l’ambition féminine des talents redoublés pour parvenir à ses fins, Il Boemo distille des scènes propres à marquer les esprits tout autant que des séquences musicales susceptibles de les enchanter. Un film passionnant. ⎥ Nicolas Milesi

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