L’esprit du lieu. Tourné quasi intégralement dans le village Emmaüs de Lescar-Pau, I Feel Good est une œuvre colorée, aux décors atypiques, à l’artisanat revendiqué et qui transpire d’un esprit de solidarité revigorant. En même temps, cette nouvelle comédie des créateurs de Louise-Michel (2008) est un véritable brûlot politique, fustigeant un libéralisme d’un autre âge, aussi intenable que ridicule. « Nous montrons combien l’individualisme forcené, la volonté de devenir riche pour devenir riche, sans penser aux conséquences, est une maladie » revendique le duo de cinéastes. Avec potentiellement sept milliards de victimes, est-il précisé dans le film… Autant de noires prospectives n’empêchent nullement I Feel Good de bien porter son titre, sans jamais verser dans les bons sentiments – ce qui le rend férocement drôle. Eclats de rire garantis. “Rendre beau les petites gens” grâce à la chirurgie low cost est le naïf projet de start up de Jacques, bien décidé à s’enrichir… L’univers subversif du film n’est pas sans poésie, grâce aux tripatouillages de ces cinéastes sorciers : ici, ruptures d’échelles de plans (du très gros au très large et inversement), là, décadrages et absences de contre-champs, partout des comédiens au rythme d’une bande-son signée Mouss & Hakim (ex-Zebda)… Nouveau venu dans l’univers grolandais des deux auteurs, Jean Dujardin excelle dans le registre de la transgression, aux côtés d’une Yolande Moreau parfaitement accoutumée à leur univers cinglé et touchant : « quoi qu’il arrive, on continue de croire aux gens » avoue-t-elle en coulisse. Le film use avec talent d’une vraie liberté de ton (quelle fin !), en conservant jusqu’au bout toute leur dignité aux compagnons d’Emmaüs. La classe. ⎥ Nicolas Milesi
i feel good
Réalisateur(s) : Benoît Delépine, Gustave Kervern
Acteur(s) : Jean Dujardin, Yolande Moreau, Jean-Benoît Ugeux
Genre(s) : Comédie
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.