Singapour est une île/république/ville à l’histoire dense et à l’aura complexe. Eric Khoo réussit le pari fou de capter son essence en quelques scènes de vie ordinaires. Enfermés dans une seule et même pièce et sans datation claire, nous devons nous fier aux décors, aux costumes et à l’action pour nous repérer dans le temps. Mais surtout, Eric Khoo s’applique à filmer l’amour et des gens qui font l’amour. Allant du pudique à l’outrance, de l’abandon de soi à la frivolité, le film apparaît comme une radiographie en coupe du rapport au sexe à travers les âges. Mais quel que soit le sujet, le réalisateur filme la sexualité avec bienveillance, l’amour n’étant jamais très loin. Il est même le fil conducteur puisque c’est lui qui fait de cette chambre un endroit privilégié pour ceux qui s’y découvrent et s’y retrouvent en toute intimité. Des protagonistes particuliers reviennent même hanter les lieux au fur et à mesure du film, preuve que, malgré la déchéance inéluctable de cet hôtel fastueux trop obsolète pour le Singapour 2.0, la richesse du lieu provient des âmes qui l’habitent. ⎥ ÉMELINE ROCHE
HÔTEL SINGAPURA
Réalisateur(s) : Eric Khoo
Acteur(s) : Josie Ho, George Young, Choi Woo-Shik
Genre(s) : Drame, Romance
Origine : Singapour, Hong-Kong
Durée : 1h44
Synopsis : C’est le premier jour d’Imrah comme femme de chambre à l’Hôtel Singapura. Dans la suite n°27, un groupe de pop est venu fêter le nouvel an. Parmi eux, leur chanteur Damien est dans un état second quand il croise Imrah dans le couloir. Bien plus tard, dans ce même hôtel, une japonaise laisse filer son amant, un travesti reçoit son dernier plaisir avant l’opération, une touriste couche devant son meilleur ami… Mais toujours Imrah, en rangeant la chambre, se souviendra de sa rencontre avec Damien.