Il est une frange de l’art cinématographique qui brouille harmonieusement les pistes en révélant de puissantes dramaturgies à travers les prises de vue les plus documentaires ; cela donne les films les plus surprenants et bien souvent les plus inoubliables. Honeyland est de ceux-là.
Fruit d’un tournage réparti sur trois années, ce premier long métrage suit patiemment Hatidze depuis sa cabane délabrée où elle vit avec sa mère malade, jusqu’aux flancs des montagnes où elle récolte le miel sauvage. Et lorsque la famille d’Hussein vient s’installer au village et exploiter les abeilles sans retenue, le conflit éclate dans un ancien dialecte turc local inconnu des cinéastes. « Nous filmions des situations dans un langage que nous ne comprenions pas toujours » expliquent-ils. Ainsi, la puissance des images et la rareté des mots rend cette expérience cinématographique sidérante, en usant d’une communication visuelle assez viscérale, en harmonie parfaite avec son sujet : la relation entre la nature et l’humanité. Au-delà de la beauté cinématographique, la conscience aguerrie de cette héroïne extraordinaire est une leçon d’humilité hautement recommandable. ⎥ Nicolas Milesi
HONEYLAND
Réalisateur(s) : HONEYLAND
Acteur(s) : Hatidze Muratova, Nazife Muratova, Hussein Sam.
Genre(s) : Documentaire
Origine : Macédoine
Durée : 1h26
Synopsis : Hatidze est une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle, dans les montagnes désertiques de Macédoine. Sans aucune protection et avec passion, elle communie avec les abeilles. Elle prélève uniquement le miel nécessaire pour gagner modestement sa vie. Elle veille à toujours en laisser la moitié à ses abeilles, pour préserver le fragile équilibre entre l’Homme et la nature...