Au début, le romancier Dashiell Hammett, le héros du film, se fait voler son manuscrit. Exactement comme Wim Wenders allait se faire voler son projet par Hollywood : scénario sans cesse remanié, tournage plusieurs fois suspendu. « Un dixième du film seulement est à moi », déclarera, à la sortie, le cinéaste, aussi las qu’exaspéré.
Reste, tout de même, un somptueux polar fantomatique, où l’on ne sait trop si Hammett vit ce qu’il écrit ou s’il écrit ce qu’il vit. Tandis qu’autour de lui les décors extravagants cherchent visiblement à le plonger dans un rêve éveillé : le Shanghai Gesture de Josef von Sternberg.
Pour accentuer la nostalgie, Wenders convoque d’autres ombres chères : Sylvia Sidney, l’interprète de Fritz Lang, sans oublier, dans le bref rôle du chauffeur de taxi, Elisha Cook Jr., l’interprète du Faucon maltais et du Grand Sommeil… L’intrigue (de riches partouzards poursuivant un ange démoniaque et maître chanteur) est compliquée et sans grande importance, comme il se doit. C’est la musique qui compte. Celle de John Barry, déchirante dans sa mélancolie. Celle des voix, qui, sans cesse, s’opposent et s’épousent. Celle de la machine à écrire de Hammett, surtout, dont les touches s’agitent sous ses doigts… Tout est donc brillant, extrêmement intelligent, juste un peu désincarné. — Pierre Murat (Telerama)
Hammett
Réalisateur(s) : Wim Wenders
Acteur(s) : Frederic Forrest, Peter Boyle, Lydia Lei...
Genre(s) : Policier
Origine : USA
Durée : 1h37
Synopsis : Dashiell Hammett, qui se sert de son expérience d’ancien détective dans ses romans, est lancé sur la piste d’une jeune Asiatique mystérieusement disparue…