GREEN BORDER

GREEN BORDER

GREEN BORDER

Réalisateur(s) : Agnieszka Holland
Acteur(s) : Jalal Altawil, Maja Ostaszewska, Tomasz Włosok
Genre(s) : Drame
Origine : polonais
Durée : 2h27
Synopsis : Ayant fui la guerre, une famille syrienne entreprend un éprouvant périple pour rejoindre la Suède. A la frontière entre le Belarus et la Pologne, synonyme d'entrée dans l'Europe, ils se retrouvent embourbés avec des dizaines d'autres familles, dans une zone marécageuse, à la merci de militaires aux méthodes violentes. Ils réalisent peu à peu qu'ils sont les otages malgré eux d'une situation qui les dépasse, où chacun - garde-frontières, activistes humanitaires, population locale - tente de jouer sa partition...

30 ans après Europa, Europa, la cinéaste polonaise Agnieszka Holland (L’Ombre de Staline, 2019) interroge frontalement les citoyens que nous sommes à travers une fiction pleine de souffle sur un sujet brûlant : les atermoiements grandissants de l’Europe vis à vis du droit d’asile. À l’issue d’un plan aérien dans lequel le vert de la forêt bélarusse vire à un noir et blanc plus figuratif, la cinéaste ne met pas longtemps à installer son récit à la frontière polono-biélorusse, où s’incarne tragiquement une forme actuelle du cynisme du monde. Cynisme qui, non content d’utiliser les migrants comme une arme de guerre hybride, les hiérarchise en fonction de leur provenance. Film courageux (Agnieszka Holland a eu maille à partir avec sa propre sécurité lors de la sortie du film en Pologne) et issu de trop d’indignation, Green Border constitue une accablante démonstration qui pourra laisser pantois. Son scénario est chapitré en trois perspectives différentes, racontant autant de destins interdépendants – ceux d’une famille de réfugiés syriens qui tente de rejoindre l’Europe, d’un jeune garde-frontière polonais et d’une activiste malgré elle dès qu’elle prend conscience du caractère catastrophique de la situation humanitaire qui se répand. Cette polyphonie du film rend justice à la complexité des enjeux et insuffle d’autant plus de force dans les différentes situations auxquelles les personnages sont confrontés. « Pratiquement chaque événement décrit a réellement eu lieu dans une certaine mesure. Avec mes coauteurs, nous avons minutieusement recherché et vérifié nos sources » précise Agnieszka Holland. Son film, Prix Spécial du jury à Venise (et Prix Danielle Le Roy du jury Étudiant du dernier festival du film d’histoire), enchaîne avec beaucoup de maîtrise les séquences assez inoubliables, participant humblement à éclairer nos consciences. L’autre grand film d’histoire de cette gazette. ⎥ Nicolas Milesi

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