Gloria!

Gloria!

Gloria!

Réalisateur(s) : Margherita Vicario
Acteur(s) : Galatea Bellugi, Carlotta Gamba, Veronica Lucchesi
Genre(s) : Drame, Historique, Musical
Origine : Italie
Durée : 1h45
Synopsis : Venise, au 18ème siècle. A l'Institut Sant'Ignazio, orphelinat et conservatoire pour jeunes filles, tout le monde s'agite en vue de la visite imminente du nouveau Pape et du grand concert qui sera donné en son honneur. Teresa, jeune domestique silencieuse et solitaire, fait alors une découverte exceptionnelle qui va révolutionner la vie du conservatoire : un piano-forte.

L’an dernier, Il Boemo retraçait l’histoire de Josef Mysliveček, un compositeur bohémien contemporain du génial Mozart et qui dut une grande part de son succès au rôle prépondérant de moult personnages féminins habiles à promouvoir sa carrière. Le film constituait en creux un hommage moderne à ces passeuses demeurées dans l’ombre de l’histoire de la grande musique. Gloria ! nous ramène aux bords de la lagune, inventant une fiction au contexte historique précis pour mieux évoquer la place des femmes dans la musique. Le geste est politique et plein d’élan ; il s’incarne dans une fable jouissive, aux allures pop !
Les orphelinats tels que celui où se déroule l’histoire de Teresa étaient des institutions d’aide aux femmes qui dispensaient une formation musicale de haut niveau – le plus célèbre d’entre eux, l’Ospedale della Pietà, est connu pour avoir été l’école où Vivaldi (le « Prêtre roux ») a enseigné… La réalisatrice du film, elle-même auteure-compositrice, s’est indignée en découvrant que, malgré leur excellente formation, ces artistes ne pouvaient pas faire de la musique leur profession : « Alors que les musiciens professionnels étaient formés dans des conservatoires masculins de Naples, les jeunes femmes des orphelinats vénitiens ne pouvaient aspirer qu’à un bon mariage ou à jouer toute leur vie pour la gloire de Dieu. » De là son envie d’imaginer un destin iconoclaste pour Teresa, sous les traits de Galatea Bellugi, dont l’étrangeté rêveuse fait mouche. Elle est un personnage de jeune servante muette qui semble sortir d’un conte de Jacques Demy et dont l’oreille fine va mener à la créativité la plus anachronique – un peu à l’image de ce piano-forte, l’instrument aux cordes frappées, merveilleusement nouveau et reléguant le clavecin au rang des outils d’une inspiration patriarcale et à bout de souffle. Gloria ! est un (premier) film beau et enlevé ; il ménage de pertinentes séquences de création musicale suffisamment pédagogiques pour charmer les moins musiciens et, surtout, il distille ce plaisir intemporel dont les farces ont le secret. ⎥ Nicolas Milesi

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