Francofonia

Francofonia

Francofonia

Réalisateur(s) : Alexandr Sokurov
Acteur(s) : Louis-Do de Lencquesaing, Benjamin Utzerath, Vincent Nemeth
Genre(s) : au-delà du documentaire
Origine : France, Allemagne, Hollande
Durée : 1h28
Synopsis : 1940, Paris sous l’Occupation. Et si la guerre et ses bombardements emportaient le louvre, détruisaient ou dispersaient ses œuvres ? Jacques Jaujard, son directeur, et le comte Franz Wolff-Metternich, chef du Kunstschutz (préservation du patrimoine artistique) pour l’occupant allemand, tâchent, ensemble, de sauver les trésors du musée et l’unité de la collection.

Après le fameux plan-séquence de L’arche russe, 1h35 de déambulation dans l’histoire de la Russie, à l’Ermitage de Saint-Pétersbourg, Sokourov explore les possibles de l’image pour évoquer l’histoire mémorielle du Louvre. A l’origine, commande du musée (peintures et sculptures foisonnent), le film s’est peu à peu émancipé de sa tutelle, jusqu’à devenir un manifeste propre au cinéaste russe. Alternant, dans un montage tout en ruptures, trois dialogues, Sokourov questionne la création d’une collection d’art et sa préservation, malgré les vicissitudes du temps. « Tout se mêle, la tempête, la guerre… Le temps est un nœud. » Lui-même, via Skype, s’adresse au capitaine d’un cargo qu’une tempête en mer menace d’envoyer par le fond, avec ses conteneurs remplis d’œuvres d’art. Marianne reste sourde aux injonctions de Napoléon, qui tâche de la convaincre de son œuvre de conquête, au service de la réunion d’une collection unique. « L’œuvre, l’endroit où elle va se trouver, n’est que la fortune de guerre. » Et, dans l’entre-deux, au cœur du film, Jaujard et Metternich, authentiquement passionnés d’art et voués à sa défense, quelles qu’en soient les conséquences pour eux-mêmes. Sokourov s’amuse même à les confronter à leur devenir, au-delà de la guerre. Photographie, cinéma, documentaire, fiction, reconstitution, archives, trucages, formes et formats… tous les registres d’image du film d’histoire sont convoqués par Sokourov, pour dire sa vision de l’homme, de ses grands hommes et de leur(s) œuvre(s), politique comprise, dans un film qui exaspère le genre documentaire. « La main est plus vive que l’esprit. Elle crée la forme avant la pensée. » nous dit-il, face à une effigie jordanienne, vieille de 9.000 ans. ⎥ FLORENCE LASSALLE

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