EVERYONE ELSE

Bijou de cinéma que ce précédent long métrage de la réalisatrice de Toni Erdmann ! Ciselé par une mise en scène toute en nuances, Everyone Else s’ouvre en plans lumineux comme autant de stéréotypes de la vie de famille : Chris et Gitty, beau jeune couple et leurs enfants. Très vite, il apparaît non seulement que les enfants ne sont pas les leurs mais encore que Gitty a des préceptes éducatifs plutôt iconoclastes ! Incarnée par la comédienne Birgit Minichmayr (vue dans La Chute, Le Ruban blanc), Gitty irradie le film de sa présence fragile et têtue. À travers elle, la cinéaste Maren Ade met à jour les subtils mouvements du couple, bien en amont de la fondation d’une famille. Les vacances en Sardaigne – dont l’exotisme du décor ne servira jamais – sont le prétexte d’un temps suspendu qui permet toutes les introspections. Dans ce creuset digne du huis clos de La Maman et la putain, la réalisatrice mélange joutes verbales et élans physiques, coups bas et ironie faussement enjouée ; le récit avance par touches infinitésimales et suffisamment cruelles pour qu’on ne sache jamais si l’amour entre Chris et Gitty se délite ou s’il se renforce. Le génie de ce film est d’avoir su installer pareil suspens, aussi passionnant qu’attendrissant. ⎥ NICOLAS MILESI