Emilia Perez

Le principe de Cannes est au fond assez simple. On y montre une bonne centaine de films. Mais à la fin de la quinzaine, il n’y a guère qu’une poignée de titres qui font réellement l’unanimité et l’événement. Et en général, ils sont en bonne place au palmarès. C’est évidemment le cas d’Emilia Pérez, précédée d’une rumeur plus que flatteuse et tout à fait méritée. De l’audace, de l’audace et encore de l’audace. Et puis, du romanesque en diable. Un casting qui en impose : Zoe Saldana (cf. Avatar !), Karla Sofia Gascon (première actrice trans récompensée à Cannes pour une interprétation hors du commun), sans oublier Selena Gomez. Une mise en scène fluide et virevoltante qui mélange film de gangsters et comédie musicale… mexicaine (il fallait oser) signée Jacques Audiard. Lequel, déjà Palme d’or pour Dheepan, réussit son pari haut la main et décroche à Cannes, fait rarissime, deux prix : l’un collectif pour l’interprétation féminine et le prix du jury. Si le film a fait l’unanimité chez les professionnels, il le fera aussi pour le public, rassemblant cinéphiles et occasionnels, jeunes et vieux. Tout simplement parce que le scénario a une puissance émotionnelle peu commune, que la forme est emballante de bout en bout, et que ces trois portraits de femmes renouvellent en profondeur et avec vigueur tous les clichés féminins encombrants qui ont trop longtemps sévit dans le cinéma français. Maintenant la question n’est pas de savoir si vous irez voir Emilia Pérez, mais combien de fois ! – François Aymé