Pour son premier long métrage la réalisatrice Fejra Deliba transforme ce qui au départ semble n’être qu’une histoire banale en un film terriblement attachant. Tout comme son héroïne, sa mère ne savait ni lire ni écrire et a élevé de nombreux enfants, nul doute que nous trouvons là, la source de son inspiration. Le rôle de Zayane, cette maghrébine, mère exemplaire qui va révéler un pan de son passé est merveilleusement interprété par Milouda Chaqiq, venue du Maroc à 55 ans et qui prendra alors des cours d’alphabétisation pour faire… du slam ! Son jeu tout en finesse et en retenue n’est pas sans nous rappeler celui de Soria Zeroual dans Fatima. Les situations parfois compliquées sont traitées avec beaucoup d’humour et l’on sourit souvent, par contre pas de moquerie au contraire le respect et l’amour filial sont omniprésents. Cette fratrie algérienne exceptionnellement réunie par l’inquiétude de la disparition de la mère va exprimer sa stupéfaction voire son incompréhension en apprenant que celle qu’ils vénèrent puisse avoir connu un autre amour avant leur père ! Voilà bien là et joliment traité la reconnaissance d’une vérité que l’on ne veut pas imaginer. En effet, quel enfant ne s’est pas un jour réclamé de l’exclusivité des sentiments de sa mère ? La sexualité des parents est souvent niée. Nous avons tendance à oublier qu’ils ont été jeunes ! D’une pierre deux coups, Fejra Deliba nous montre par cette quête du passé deux aspects de l’intégration que sont la famille et une société devenue la leur et qui souvent n’est pas facile à vivre. La musique spécialement composée pour le film par l’Orchestre National de Barbès concourt à l’unité du récit. Allez voir cette mamie, cette maman qui pourrait être la mienne, la vôtre et celle de tout le monde, vous ne le regretterez pas ! ⎥ Jacques Philton
D’UNE PIERRE DEUX COUPS
Réalisateur(s) : Fejria Deliba
Acteur(s) : Milouda Chaqiq, Brigitte Roüan, Claire Wauthion
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h23
Synopsis : Zayane a 75 ans. Depuis son arrivée en France, elle n’a jamais dépassé les frontières de sa cité. Un jour elle reçoit une lettre lui annonçant le décès d’un homme qu’elle a connu, autrefois, en Algérie. Le temps d’une journée, elle part récupérer une boite que le défunt lui a légué. Pendant son absence, ses onze enfants se réunissent dans son appartement et découvrent un pan de la vie de leur mère jusque-là ignoré de tous…