DIVINES

DIVINES

DIVINES

Réalisateur(s) : Houda Benyamina
Acteur(s) : Oulaya Amamra, Déborah Lukumuena, Jisca Kalvanda
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h45
Synopsis : Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

Divines, le sont-elles vraiment, ces deux adolescentes rieuses et débordantes d’énergie ? Le titre reste un peu mystérieux mais, ce qui est sûr, c’est que le film est un magnifique portrait de (presque) jeunes femmes qui ne baissent pas les bras, utilisant système D et activités illégales pour sortir de la galère quotidienne. Leur banlieue, on croit la connaître par les journaux télévisés, mais ce qui fait la force de ce premier film – récompensé à Cannes par la Caméra d’or – c’est de tisser subtilement tous les ingrédients, sans manichéisme : volonté de sortir de la pauvreté, de se hisser au sommet d’une société dont le luxe est irrigué par l’économie souterraine de la drogue, affirmation d’indépendance dans un monde de petits caïds, impuissance de l’éducation nationale auprès de ces jeunes… Et si la prof. de lycée professionnel, qui veut entraîner ses élèves à devenir des hôtesses d’accueil stéréotypées, semble bien désarmée devant la capacité de résistance moqueuse de Dounia et sa copine Maïmouna, ce n’est pas le cas de Djigui, qui choisit la voie de l’intégration davantage grâce à sa passion pour la danse contemporaine que par son métier de vigile dans le centre commercial du quartier. Depuis près de 20 ans après La Haine, on a vu un certain nombre de films «de banlieue» mais celui-ci, même s’il fait un constat inquiétant sur l’état de notre société, s’en distingue par plusieurs aspects : au-delà du réalisme de certaines scènes, souvent déjà vues (jeunes en colère qui narguent les pompiers mais les appellent au secours et ne comprennent par leur attentisme), on est emporté par la tension créée par un scénario très bien construit et surtout par le talent des jeunes actrices. Ce couple qui fonctionne sur un contraste fort, sorte de Laurel et Hardy inversé, est lié par une très grande tendresse et une complicité née de fous rires, de chapardages et de galopades éperdues. Mêlant différents genres, la réalisatrice suit avec maîtrise la ligne d’un féminisme affirmé, qui renverse les codes généralement admis. Une vraie réussite, émouvante et passionnante ! ⎥ MICHÈLE HÉDIN

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