DIEU EXISTE, SON NOM EST PETRUNYA

DIEU EXISTE, SON NOM EST PETRUNYA

DIEU EXISTE, SON NOM EST PETRUNYA

Réalisateur(s) : Teona Strugar Mitevska
Acteur(s) : Zorica Nusheva, Labina Mitevska, Stefan Vujisic
Genre(s) : Drame
Origine : Macédoine
Durée : 1h40
Synopsis : A Stip, petite ville de Macédoine, tous les ans au mois de Janvier, le prêtre de la paroisse lance une croix de bois dans la rivière et des centaines d’hommes plongent pour l’attraper. Bonheur et prospérité sont assurés à celui qui y parvient. Ce jour-là, Petrunya se jette à l’eau sur un coup de tête et s’empare de la croix avant tout le monde. Ses concurrents sont furieux qu’une femme ait osé participer à ce rituel. La guerre est déclarée mais Petrunya tient bon : elle a gagné sa croix, elle ne la rendra pas.

Vous succomberez devant ce récit de l’émancipation courageuse d’une jeune femme dans la société patriarcale des Balkans, au sein de laquelle l’organisation ancestrale des pouvoirs – qu’ils soient étatiques ou religieux – demeure aux seules mains des hommes, indépendamment de leur lâcheté ou de leur incompétence. Sous les traits lumineux de la comédienne Zorica Nusheva (on la reverra sûrement au cinéma !), le courage et la présence de Petrunya sidèrent, comme dans ce plan large fondateur du film, au milieu duquel elle se tient debout, impavide dans le bleu électrique d’une piscine vide et enneigée, sur une musique hardcore qui laisse augurer d’une iconoclastie réjouissante. La déconstruction des points de vue sclérosants par trop de traditionalisme infuse la réalisation talentueuse de la cinéaste Teona Strugar Mitevska. Au diapason avec son héroïne qui règlera magnifiquement son sort au hochet qu’on lui dispute – la croix de toutes les discordes – la cinéaste architecture son film d’un découpage inhabituel, comme soucieuse avant tout de révéler les vérités vibrantes sous les hypocrisies les plus inextricables. Et la rugueuse Petrunya finit par émouvoir beaucoup, à force de sembler aimantée à ses fragiles convictions – « Je me sens comme un animal » parvient-elle seulement à expliciter de sa croisade presque instinctive.
La grammaire de la langue anglaise fait que le titre international de ce film macédonien (God Exists, Her Name is Petrunya) en livre la profession de foi : Dieu est féminin. Grâce au talent obstiné de la cinéaste (dont on a pu saluer la passion lors de sa visite à Pessac), cette proposition revigorante finit par iriser une histoire grise et pas mal émaillée de cruauté. Comme si l’intelligence de Petrunya avait gagné sur l’obscurantisme ambiant. Quant à son charme, ne doutez pas qu’il vous transporte – longtemps ⎥ Nicolas Milesi

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