Dans Sur la route de Madison, Clint Eastwood disait à Meryl Streep : « Nous ne formons plus deux êtres distincts à présent ». Le titre du film de Filippo Meneghetti, Deux, dit bien tout l’enjeu pour ses protagonistes : Madeleine et Nina, deux sexagénaires incarnées par deux actrices phénoménales, s’aiment elles aussi au point de ne faire plus qu’un(e), mais l’interdit qui frappe leur amour ne cesse d’empêcher cette fusion à laquelle elles aspirent. La mise en scène, toute en retenue, traduit l’impossibilité de leur union : vitres, portes et paliers se dressent perpétuellement entre elles, et les jeux sur la profondeur de champ qui séparent les personnages à l’intérieur des plans matérialisent leur isolement. Miroirs et regards ne cessent de traduire le jugement social qui entrave les individus. On pense par moments au film The Cakemaker de Samuel Maoz, qui avec la même infinie délicatesse montrait déjà l’effacement d’un personnage rendu invisible par le poids du secret, et l’impossibilité de trouver sa place lorsque l’amour n’est plus protégé par l’intimité. ⎥ Audrey Pailhès
DEUX
Réalisateur(s) : Filippo Meneghetti
Acteur(s) : Barbara Sukowa, Léa Drucker, Martine Chevallier
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h35
Synopsis : Nina et Madeleine sont profondément amoureuses l’une de l’autre. Aux yeux de tous, elles ne sont que de simples voisines vivant au dernier étage de leur immeuble. Au quotidien, elles vont et viennent entre leurs deux appartements et partagent leurs vies ensemble. Personne ne les connaît vraiment, pas même Anne, la fille attentionnée de Madeleine. Jusqu’au jour où un événement tragique fait tout basculer…