CRUELLA

CRUELLA

CRUELLA

Réalisateur(s) : Craig Gillespie
Acteur(s) : Emma Stone, Emma Thompson, Joel Fry
Genre(s) : Comédie
Origine : USA
Durée : 2h14
Synopsis : Londres, années 70, en plein mouvement punk rock. Escroc pleine de talent, Estella est résolue à se faire un nom dans le milieu de la mode. Elle se lie d’amitié avec deux jeunes vauriens qui apprécient ses compétences d’arnaqueuse et mène avec eux une existence criminelle dans les rues de Londres. Un jour, ses créations se font remarquer par la baronne von Hellman, une grande figure de la mode, terriblement chic et horriblement snob. Mais leur relation va déclencher une série de révélations qui amèneront Estella à se laisser envahir par sa part sombre, au point de donner naissance à l’impitoyable Cruella, une brillante jeune femme assoiffée de mode et de vengeance …

Depuis plusieurs années, Disney adapte en prises de vue « réelles » (l’usage massif des effets spéciaux force les guillemets) ses classiques de l’animation et les succès publics successifs (dont l’indétrônable Roi Lion,) ne sont pas près de l’en détourner – Blanche Neige entre en production au moment où ces lignes sont écrites. Dans ce registre où l’artistique semble parfois aussi pusillanime que les effets visuels numériques sont opulents, Cruella est une bonne surprise.
Ecrit à plusieurs mains par les auteurs de La Favorite et Le Diable s’habille en Prada, Cruella se démarque des adaptations qui avaient été faites avec Glenn Close (ici productrice exécutive !) en 1996 et 2000, puisqu’il s’agit d’un prequel (un antépisode en bon français) qui s’achèvera là où commence le dessin animé de 1956 – vous suivez ?
Le réalisateur Craig Gillespie (Moi, Tonya) a fait des choix judicieux qui hissent son film au rang de vrai divertissement pour public bigarré – ce qui est en soi une prouesse dans un contexte de blockbuster. Rayonnante, Emma Stone (La La Land) transfigure Cruella de Vil en un personnage complexe, à la psyché aussi binaire que sa couleur de cheveux et dont l’entêtement à bouger les lignes de la norme n’est pas la moindre des séductions. Le scénario parfois alambiqué lui fait livrer des duels réjouissants avec sa rivale la Baronne, l’autre Emma – Thompson – du film, drapée dans une méchanceté aussi impériale que désopilante. Cruella abuse de décors et de costumes stupéfiants, dont la scénographie débarrassée de trop de numérique décuple notre plaisir de spectateur. La bande-son, enfin, se sert avec gourmandise dans la scène musicale explosive du Londres des années 70. On prend suffisamment de plaisir à l’ensemble pour oublier que Disney, après Maléfique, poursuit l’absolution de ces méchants qui nous effrayaient délicieusement quand nous étions enfants. ⎥ Nicolas Milesi

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