Après le chef d’œuvre Bovines de Emmanuel Gras (2012), après l’inabouti Vedette de Claudine Bories et Patrice Chagnard (2022), ne manquez pas cette nouvelle incursion dans le monde bovin à travers le regard ô combien compatissant de la réalisatrice britannique Andrea Arnold (Fish Tank, 2009, Red Road, 2006). Sa caméra demeure au plus près de Luma, une vache laitière d’une exploitation agricole certes à taille humaine mais, pour autant, pas totalement étrangère non plus à l’agriculture intensive. La force du film est dans cette subtilité-là, de ne pas vilipender platement une maltraitance animale qui apparaîtrait trop évidente. Taiseux, Cow intrigue d’abord et émeut beaucoup ensuite, à force de donner à voir une évidence presque trop immense pour être regardée en face : ce rapport à l’animal que l’humain a instauré à son seul profit, le réduisant à la matière première qu’il procure, sourd à son ressenti et à son intelligence, pourtant perceptibles pour qui sait entendre et regarder. « I am milk », entonne le groupe Garbage à la fin de ce voyage proprement bouleversant. Chanson magnifique et cruauté de la métonymie qui porte en elle l’ingratitude immense des humains pour ces animaux qui nous nourrissent à leur corps défendant. Payera-t-on notre ingratitude un jour ou l’autre ? Probable. ⎥ Nicolas Milesi
COW
Réalisateur(s) : Andrea Arnold
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : USA
Durée : 1h34
Synopsis : Un portrait du quotidien de deux vaches.