CLOSE

Il est toujours émouvant d’assister à la naissance d’un cinéaste, et de repérer dans un premier film les promesses d’une sensibilité et d’une vision artistique à suivre. Mais il peut l’être encore plus de voir dans son film suivant se confirmer son talent, s’affirmer les inquiétudes qui le poussent à faire des films et s’aiguiser son regard d’auteur. Le jeune et brillant cinéaste belge Lukas Dhont, qui avait marqué les esprits en 2018 avec Girl, prouve qu’il joue bien dans la cour des grands avec son deuxième film qui a su toucher le jury comme le public du dernier Festival de Cannes, remportant un Grand Prix et la plus longue standing ovation du festival. Close et Girl partagent une même intensité dramatique, qui grandit à mesure que se dessine l’enjeu qui deviendra crucial pour leurs personnages : une lutte pour vivre en adéquation avec leurs aspirations intimes, malgré toutes les formes de pressions extérieures qui les jugent contre-nature. Close repose sur les épaules frêles mais assurées de deux très jeunes acteurs dont le charisme et la justesse de jeu touchent au cœur le spectateur le plus endurci. Ils sont soutenus par deux formidables mères de fiction – Léa Drucker et Emilie Dequenne –, miroirs du personnage du père aimant qui faisait déjà la beauté de Girl, et qui semblent témoigner de l’importance qu’a pour le réalisateur le rôle de l’accompagnement parental dans le chemin et les combats des enfants. Lukas Dhont a choisi – trouvé – le cinéma pour défendre le droit à la différence et démasquer l’intolérance qui reste trop souvent la règle dans les rapports humains. Un cri qui s’exprime d’une façon magnifique dans Close, condensé d’émotion pure qui bouleverse pour nous aider à réfléchir et avancer collectivement. ⎥ Audrey Pailhès