Dans Une liaison passagère d’Emmanuel Mouret, il n’y a pas de téléphone portable (ou si peu). Et c’est tant mieux. Parce que c’est tellement mieux de se dire les choses, de parler, de bavarder avec esprit, malices et nuances à propos des sentiments plutôt que de s’écrire des sms lapidaires sans saveur. Car les sentiments amoureux, on le sait bien, c’est le sujet du cinéaste. Il y revient sans cesse, revisitant avec brio et sensibilité son thème favori via les charmes de la langue française et le jeu divin de ses acteurs (ici Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne, tous deux exceptionnellement attachants et spirituels). Il nous avait régalé avec Mademoiselle de Joncquières et Les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait. Il nous balade à nouveau dans son jardin sentimental. Il nous invite à une promenade intemporelle et légère où le plaisir des mots est érigé en art, l’art de la conversation amoureuse, du marivaudage. Le personnage de Vincent Macaigne fait des détours, hésite, s’empêtre, s’embarrasse et finit par plonger la tête la première, le cœur dans tous ses états. Quand le personnage de Sandrine Kiberlain chasse, affiche, revendique, se laisse prendre et surprend. Emmanuel Mouret décrit délicatement des choses graves avec son style si personnel. Il se contrefiche des modes et des injonctions marketing. Et cela fait un bien fou. Et pourquoi ne pas commencer cette rentrée automnale par un conte amoureux au goût tendre avec un très léger soupçon d’amertume ? ⎥ François Aymé
CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE
Réalisateur(s) : Emmanuel Mouret
Acteur(s) : Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h40
Synopsis : Une mère célibataire et un homme marié deviennent amants. Engagés à ne se voir que pour le plaisir et à n’éprouver aucun sentiment amoureux, ils sont de plus en plus surpris par leur complicité…