CÉZANNE ET MOI

CÉZANNE ET MOI

CÉZANNE ET MOI

Réalisateur(s) : Danièle Thompson
Acteur(s) : Guillaume Gallienne, Guillaume Canet, Alice Pol
Genre(s) : Comédie dramatique
Origine : France
Durée : 1h56
Synopsis : Ils s’aimaient comme on aime à treize ans : révoltes, curiosité, espoirs, doutes, filles, rêves de gloires, ils partageaient tout. Paul est riche. Emile est pauvre. Ils quittent Aix, « montent » à Paris, pénètrent dans l’intimité de ceux de Montmartre et des Batignolles. Tous hantent les mêmes lieux, dorment avec les mêmes femmes, crachent sur les bourgeois qui le leur rendent bien, se baignent nus, crèvent de faim puis mangent trop, boivent de l’absinthe, dessinent le jour des modèles qu’ils caressent la nuit, font trente heures de train pour un coucher de soleil... Aujourd’hui Paul est peintre. Emile est écrivain. La gloire est passée sans regarder Paul. Emile lui a tout : la renommée, l’argent une femme parfaite que Paul a aimé avant lui. Ils se jugent, s’admirent, s’affrontent. Ils se perdent, se retrouvent, comme un couple qui n’arrive pas à cesser de s’aimer.

C’est d’abord l’histoire d’une amitié indéfectible, tumultueuse et douloureuse. Une histoire de rivalité fraternelle entre un écrivain dont le talent est assez vite reconnu et un peintre qui ne parvient pas à dépasser ses échecs. C’est aussi le tableau d’une époque et du climat artistique des années 1860-1890, que fait revivre Danièle Thompson avec précision et élégance. On y croise cette génération d’artistes trentenaires que sont Monet, Renoir, Maupassant, remplis d’admiration pour Manet et Pissarro, et aussi ceux qui ont apporté leur aide à cette nouvelle peinture, le père Tanguy et Ambroise Vollard. La grande réussite du film c’est de fourmiller de détails et de références, mais sans s’appesantir. La réalisatrice semble avoir mis en pratique à la fois la méthode de recherche documentaire qui présidait aux romans de Zola et les théories picturales de Cézanne, reconstituant la nature de leurs relations dans leur structure profonde. Jouant habilement sur les différentes époques du récit par un jeu de flashbacks et de discrets rappels de date, le film met en lumière ce paradoxal renversement de situation entre les deux amis : Paul, l’enfant protecteur et l’adolescent hardi, qui défendait Émile, plus faible, en butte aux quolibets et aux coups du fait de son origine modeste, plus timide aussi avec les filles, Paul donc s’avérera l’adulte le plus ombrageux, le moins assuré dans sa passion créatrice et sa vie intime. Car le film est aussi une réflexion sur les affres de la création. Zola, sûr de sa vocation et de la voie qu’il veut suivre, surmonte ses angoisses et avance, entouré de l’affection des femmes de sa vie, sa mère, sa femme et sa jeune maîtresse. Guillaume Canet est parfait, dans un jeu fait de retenue et d’attention indulgente envers son ami. Guillaume Gallienne, en maniaco-dépressif, égocentrique, écorché vif, est tout bonnement stupéfiant ! ⎥ MICHÈLE HÉDIN

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