CEUX QUI TRAVAILLENT

CEUX QUI TRAVAILLENT

CEUX QUI TRAVAILLENT

Réalisateur(s) : Antoine Russbach
Acteur(s) : Olivier Gourmet, Adèle Bochatay, Delphine Bibet
Genre(s) : Drame
Origine : Suisse
Durée : 1h40
Synopsis : Cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime, Frank consacre sa vie au travail. Alors qu’il doit faire face à une situation de crise à bord d’un cargo, Frank, prend – seul et dans l’urgence – une décision qui lui coûte son poste. Profondément ébranlé, trahi par un système auquel il a tout donné, le voilà contraint de remettre toute sa vie en question.

Œuvre pastel et inconfortable, Ceux qui travaillent se veut le premier opus d’une trilogie en devenir dont le second volet est en cours d’écriture. Le projet passionnant d’Antoine Russbach est de questionner la société contemporaine en rupture avec un ordre traditionnel aujourd’hui révolu (tiers-état / noblesse / clergé), mais confrontée aux même problématiques fondamentales : qui nous nourrit ? Qui nous défend ? Qui prend soin de nos âmes ?
Ceux qui travaillent constitue un film social à la démarche originale puisqu’il s’attache au point de vue de la classe dominante – celle de Franck, un col blanc vivant dans une banlieue suisse et dont le métier est de gérer des porte-containers navigant à l’autre bout du monde. Tout entier filmé dans la sillage de ce personnage plus complexe qu’il n’y paraît, le film bénéficie de l’excellence d’Olivier Gourmet en cadre sup taiseux et lucide qui va voir la bulle de son existence exploser au détour d’une décision stupéfiante.
Dans une narration laissant la part belle aux silences qui en disent long, Ceux qui travaillent évite jusqu’à sa toute fin les facilités rassurantes et simplistes, tout en veillant à n’être jamais dans le surplomb commode de thématiques complexes, que ce soit au sujet du rapport au travail ou de l’hypocrisie de nos sociétés surinformées quant aux affres d’un capitalisme mondialisé.
Façonné à plusieurs, le scénario de Ceux qui travaillent permet habilement de faire jaillir le concret dans la virtualité du monde tel qu’il est perçu par un nombre croissant d’habitants des pays riches. Antoine Russbach appuie là où ça fait mal et passionne par son approche sensible, à hauteur d’homme occidental, de problématiques certes connues mais le plus souvent vite reléguées. Parce qu’il use d’une mise en scène sobre et sans surenchère, son film œuvre avec talent à réduire certains manichéismes et à contrarier certains aveuglements volontaires. On vous aura prévenu. ⎥ Nicolas Milesi

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