BALLOON

BALLOON

BALLOON

Réalisateur(s) : Pema Tseden
Acteur(s) : Sonam Wangmo, Jinpa, Yangshik Tso
Genre(s) : Drame
Origine : Cine
Durée : 1h42
Synopsis : Au cœur des étendues tibétaines, Drolkar et son mari élèvent des brebis, tout en veillant sur leurs trois fils. En réaction à la politique de l’enfant unique imposée par Pékin, elle s’initie en secret à la contraception, pratique taboue dans cette communauté traditionnelle. La maigre réserve de préservatifs qu’elle se procure au compte-gouttes devient alors son bien le plus précieux. Le jour où elle surprend ses enfants en train de jouer dehors avec les « ballons » volés sous son oreiller, Drolkar sait aussitôt qu’elle va devoir tout affronter : les reproches des aînés, le poids de la tradition, le regard des hommes. Et une naissance à venir…

Si le cinéma est avant tout une fenêtre ouverte sur le monde, qui permet le temps d’une séance de saisir des enjeux propres à une culture pour en apprendre toujours plus sur ce qui fait notre humanité commune, Balloon en est une nouvelle preuve. Cette douce plongée contemplative dans l’immensité des étendues tibétaines et au cœur de l’intimité d’une famille nous captive, nous charme, d’abord par l’épaisseur discrète de ses personnages et la puissance de ses images. Si l’on se gardera d’en dire trop, le ballon du titre se fait rapidement fil rouge poétique et allégorique qui contient tout le film, embrassant pour les révéler les problématiques concrètes auxquelles sont confrontés les personnages. Le film orchestre une confrontation entre spiritualité et modernité dans un jeu d’oppositions au sein duquel les personnages se débattent : sexualité et reproduction, émancipation et respect des traditions, science et croyances, protection de l’intérêt de la famille face aux carcans extérieurs (qu’ils passent par le regard des autres ou les contraintes lointaines mais si présentes du régime). Ce qui se raconte c’est le combat des êtres pour avancer au gré de ces vents contraires et trouver, à travers un difficile exercice d’équilibriste qui semble voué à l’échec, une juste place dans une société mouvante et traversée par des forces adverses. Tout passe ici par une finesse d’écriture qui dévoile aussi des instants d’humour, et une inventivité formelle qui accompagne remarquablement les points névralgiques du récit. Et c’est là que la grâce du grand écran opère, et que l’on se laisse à nouveau griser par ce plaisir du cinéma qui nous a tant manqué. – Audrey Pailhès

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