BACURAU

BACURAU

BACURAU

Réalisateur(s) : Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles
Acteur(s) : Barbara Colen, Sônia Braga, Udo Kier
Genre(s) : Drame
Origine : Brésil
Durée : 2h10
Synopsis : Dans un futur proche… Le village de Bacurau dans le sertão brésilien fait le deuil de sa matriarche Carmelita qui s’est éteinte à 94 ans. Quelques jours plus tard, les habitants remarquent que Bacurau a disparu de la carte.

Bacurau, c’est le nom donné au dernier bus de nuit à Recife, ville côtière du Nordeste au Brésil. Bacurau, c’est ce village qui disparaît de la carte au centre du dernier film de Kleber Mendonça Filho. Bacurau, c’est une limite, une frontière perceptible mais pas toujours visible qui sépare le balisé du hors-piste, la pénombre du cœur de la nuit. C’est dans ce territoire indéfinissable que nous embarque le talentueux réalisateur brésilien (accompagné à la réalisation par Juliano Dornelles, directeur artistique de ses précédents films). Dans ce futur proche du Brésil, il brouille les pistes et inverse les repères avec un western mâtiné de Carpenter, où les blancs Américains redeviennent les cowboys semant le chaos. Il dépeint un monde violent et corrompu dont les similitudes avec le Brésil actuel nous troublent, bien que le film ait été écrit avant la conquête du pouvoir de Bolsonaro. Bacurau n’a pas de genre défini, il joue avec les références cinéphiles de son réalisateurs et la culture populaire brésilienne. Mélange parfaitement illustré par les deux chefs de bande : Udo Kier, menant d’une main froide et ferme sa meute de chasseurs américains ; et Sonia Braga, conscience folle et sage d’un village métissé qui rentre en résistance. Ne cherchez pas pour autant de manichéisme dans Bacurau, ni de maxime politique assénée sans nuances. Le Brésil mérite certes aujourd’hui que certaines libertés fondamentales soient rappelées avec simplicité, force et évidence. Mais Kleber Mendonça Filho rajoute à ses impératifs un art du récit résolument moderne dans sa narration, et historique dans son propos. Le film s’ouvre sur un zoom depuis notre planète jusqu’au continent latino-américain (et aux tréfonds du Brésil) : c’est exactement ce que nous entendons faire au mois de novembre avec la trentième édition du Festival International du Film d’Histoire. Kleber Mendonça Filho figurera parmi nos invités d’honneur, et c’est avec joie que nous étudierons comment, des Bruits de Recife à Bacurau, en passant par Aquarius, son cinéma résonne avec le drame brésilien.

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