ASTEROID CITY

ASTEROID CITY

ASTEROID CITY

Réalisateur(s) : Wes Anderson
Acteur(s) : Tilda Swinton, Adrien Brody, Tom Hanks
Genre(s) : Comédie, Drame
Origine : USA
Durée : 1h44
Synopsis : Asteroid City est une ville minuscule, en plein désert, dans le sud-ouest des États-Unis. Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions. À quelques kilomètres de là, par-delà les collines, on aperçoit des champignons atomiques provoqués par des essais nucléaires.

Le monde de Wes Anderson, personnel et décalé, est le résultat d’une alchimie unique, qui associe la légèreté de l’artifice à une profondeur mêlant grâce et gravité ; une magie qui avait fait quelque peu défaut à The French Dispatch mais que le cinéaste retrouve dans Asteroid City. Sa dernière fantaisie mélancolique repose sur des repères devenus familiers, murs porteurs d’un univers dans lequel il est chaque fois délicieux de replonger : un casting étourdissant au service de dialogues mitraillés, une nébuleuse narrative déroulant des récits gigognes au sein d’une esthétique éblouissante et soignée à l’extrême, avec une attention au cadre et une minutie obsessionnelle du détail offrant un ravissement visuel inégalé. Mais si la virtuosité formelle incomparable du cinéaste offre toujours une jouissance – presque – suffisante, il ne faudrait pas que celle-ci masque aussi la vision que l’auteur dévoile derrière ses plans léchés et une musique rythmée : Anderson explore ici le deuil et la solitude de l’abandon, la paranoïa des fifties américaines dans un contexte de risque nucléaire, ou encore le fardeau d’un désarroi existentiel qui affecte la destinée des êtres à toutes les échelles – celles de l’intime, de la société, de l’humanité. Car le théâtre de marionnettes andersonien, derrière un maniérisme à l’artificialité assumée, n’est que l’écrin/écran permettant d’ausculter le chaos du monde, et la peur du vide propre à toute existence. Une œuvre qui ne manquera pas de ravir les admirateurs du cinéaste texan, mais qui devrait pouvoir aussi séduire de nouveaux fidèles. ⎥ Audrey Pailhès

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