ARTHUR RAMBO

ARTHUR RAMBO

ARTHUR RAMBO

Réalisateur(s) : Laurent Cantet
Acteur(s) : Rabah Naït Oufella, Antoine Reinartz, Sofian Khammes
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h27
Synopsis : Qui est Karim D. ? Ce jeune écrivain engagé au succès annoncé ou son alias Arthur Rambo qui poste des messages haineux que l’on exhume un jour des réseaux sociaux…

C’est l’histoire d’une chute. Soudaine. Violente. Causée par la brutalité des mots. Tandis que Laurent Cantet sort son dernier film, L’Atelier, en 2017, dans lequel il interroge déjà la puissance de l’écriture, l’affaire Mehdi Meklat éclate. On découvre alors que ce jeune journaliste, doué et intelligent, est l’auteur de milliers de tweets haineux, racistes, homophobes, sexistes publiés sous un pseudonyme. « Comment tout cela pouvait cohabiter dans un même esprit ? » se demande, comme beaucoup d’autres, Laurent Cantet. Insatisfait par les analyses des journalistes et intellectuels, il choisit la fiction pour tenter de percer ce mystère et, dans le même temps, questionner la dangerosité des réseaux sociaux. Pour ce faire, il instaure une distance avec les faits : Arthur Rambo n’est pas un biopic, le récit est ramassé sur deux ou trois jours. Un temps suffisant pour décrire sans superflu la trajectoire du jeune Karim (Rabah Naït Oufella, crédible dans ce rôle-titre caméléon) de sa consécration en tant qu’auteur d’une autofiction à succès s’inspirant de la vie de sa mère, d’origine algérienne, à son exclusion, symbolisée par le retour du transfuge dans son quartier d’origine, de l’autre côté du périphérique parisien. En cause, donc, ces tweets, qui très tôt viennent parasiter les images du film. Ces formules, supposément drôles, concrètement irrecevables, nous explosent à la figure. Démasqué et sommé de s’expliquer, Karim peine à se justifier. On retiendra – bien qu’insuffisant – le motif de la colère, défendu par le petit frère du jeune homme dans un climax magistral où les conséquences de la relégation sociale transparaissent de manière on ne peut plus alarmante. Mais ressort surtout du métrage un constat tout aussi inquiétant qui, sans déculpabiliser le personnage, montre comment les réseaux sociaux peuvent piéger même ceux qui en maîtrisent les codes. Si la personnalité de Karim reste insondable, Cantet parvient habilement avec ce huitième film à mettre en garde contre la pensée en 140 caractères et les mécanismes à l’œuvre sur Internet, qui constitue aujourd’hui le premier moyen d’information consulté par les jeunes générations. ⎥ Noémie Bourdiol

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