AMIN

AMIN

AMIN

Réalisateur(s) : Philippe Faucon
Acteur(s) : Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N'Diaye
Genre(s) : Drame
Origine : France
Durée : 1h31
Synopsis : Amin est venu du Sénégal pour travailler en France, il y a neuf ans. Il a laissé au pays sa femme Aïcha et leurs trois enfants, qu’il ne voit qu’une à deux fois par an. En France, Amin n’a d’autre vie que son travail, d’autres amis que les hommes qui résident au foyer. Un jour, il rencontre Gabrielle, avec qui il entame une liaison...

Avec une constance qui force l’admiration, le cinéaste Philippe Faucon use d’une grande justesse dans son art pour rendre compte du monde contemporain et de ses mouvements. Depuis longtemps, avant le très récompensé Fatima (3 César, Prix Louis Delluc 2015), ses œuvres mettent en forme des récits pas mal ab- sents du cinéma dominant et demeurent autant de précieux témoignages. Avec Amin, le titre une fois encore en forme de prénom annonce l’intimité de l’éclairage porté sur une situation connue d’une multitude de personnes. Car c’est une histoire récurrente dans le parcours des personnes immigrées que le film raconte, celle d’un écartèlement non seulement géogra- phique mais aussi sociétal et culturel. Et dans le film de Faucon, cette fois, le contre-champ africain est très présent, jamais relégué dans un hors-cadre propice aux stéréotypes. « Le ci- néma a cette capacité de mise en parallèle très
forte entre les deux mondes, explicite le réalisateur. On passe directement d’une séquence dans le pays d’ori- gine à une sé- quence dans le pays d’accueil, avec un effet de “cut”, de confrontation immédiate de tout ce que contiennent les images. » Ain- si, entre le Séné- gal, où la famille d’Amin reproche son absence à ce «fauxpère»ouce
« faux mari », et le foyer parisien de travailleurs au sein duquel la charge des siens continue de le préoccuper, Amin mène une vie difficile dont on perçoit peu à peu la grande solitude. Jamais psychologisant, le film revendique une grande pudeur dans son récit de la rencontre – quasi nécessaire – entre Amin et Gabrielle, une pari- sienne tout aussi fragile et désorientée. Tandis qu’une romance semble n’avoir nulle place dans la vie de tels personnages avant tout poussés par des nécessités vitales, le scénario suscite paradoxalement beaucoup d’émotion. Au-de- là du talent des deux comédiens (Emmanuelle Devos et Moustapha Mbengue, dont le par- cours est « proche sur bien des points de celui d’Amin » précise Philippe Faucon), le film foi- sonne de personnages secondaires (comme Abdelaziz, le Marocain qui a fondé une famille de chaque côté de la Méditerrannée, ou encore ce jeune homme dont l’horizon de vie se réduit à sa force de travail…) qui participent de l’éclai- rage humaniste du film – rare sur ces sujets. ⎥ Nicolas Milesi

Partager