ABLUKA – SUSPICIONS

ABLUKA – SUSPICIONS

ABLUKA – SUSPICIONS

Réalisateur(s) : Emin Alper
Acteur(s) : Mehmet Özgür, Tülin Özen, Müfit Kayacan
Genre(s) : Drame
Origine : France, Turquie
Durée : 1h59
Synopsis : Istanbul dans un futur proche : Kadir purge une peine de 20 ans de prison et se voit proposer une libération anticipée. En échange, il s’engage à aider la police dans sa traque contre le terrorisme et accepte d’être leur informateur. Une fois dehors, il reprend contact avec son petit frère Ahmet, chargé par la mairie d’abattre les chiens errants de la ville. Mais entre chaos politique et obsession paranoïaque, la violence qui entoure les deux frères et la pression des autorités les entraînent dans une spirale infernale.

e n’est pas un hasard si ce film s’intitule Suspicions en français et Frenzy en anglais : Emin Alper ne s’est sans doute jamais remis de la vision des films d’Hitchcock, dont il a retenu les atmosphères d’inquiétants clairs-obscurs, le photo constamment entre chien et loup. En revanche, les agissements de ses personnages et leurs zones d’ombre demeurent assez mystérieux. Pourquoi Ahmet refuse-t-il de voir Kadir ? Pourquoi flippe-t-il à ce point ? Est-il un activiste, un flic infiltré, ou juste un homme ordinaire en proie à l’angoisse ? Pourquoi le couple de voisins et amis disparaît-il ? Pourquoi la hiérarchie policière de Kadir le méprise-t-elles la nuit ? Et que se passe-t-il avec les chiens ? Alper se garde de donner des réponses claires à toutes ces questions, préférant installer une ambiance à mi-chemin entre l’état d’urgence sécuritaire et le cauchemar où les certitudes quotidiennes vacillent, où l’on risque à chaque moment un attentat ou une arrestation arbitraire. Le climat anxiogène est assez efficacement mis en scène. Depuis que ce film a été tourné, Erdogan a sévèrement vissé la Turquie et procédé à des centaines de milliers d’arrestations arbitraires. Conçu comme une dystopie exagérant un peu la réalité, Abluka en devient presque du coup un documentaire, ou du moins un cauchemar finalement plus kafkaïen et langien qu’hitchcockien, prophétisant avec acuité un certain état de la Turquie. ⎥ Les Inrockuptibles

Partager