Second long métrage documentaire de son auteur, Paradis procure des sentiments mêlés, faits de stupéfaction devant l’ampleur des ravages, d’admiration devant le courage lucide des villageois Iakoutes mais aussi de tristesse quant à l’aspect irrémédiable de la situation. La mise en scène épouse le point de vue des habitants, pour qui le feu semble doué d’une volonté propre ; véritable personnage du film, il est tapi derrière la fumée, habile, imprévisible, menaçant… Alexander Abaturov a sculpté un univers sonore fait de prise de son directes et de percussions diablement évocatrices. Son film propose ainsi une perception en partage qui évite l’écueil de l’exotisme ; au final, on est en profonde empathie avec ces humains qui sont autant en proie avec les incendies géants qu’avec la novlangue moscovite qualifiant leurs territoires de « zones de contrôle » – alors qu’il s’agit d’exactement l’inverse… L’antinomie de son titre – Paradis – sonne comme une alerte de l’aberration que le film donne à voir. Il fit l’ouverture du dernier Festival du Réel. ⎥ Nicolas Milesi
Paradis
Réalisateur(s) : Alexander Abaturov
Acteur(s) : Sans acteurs connus
Genre(s) : Documentaire
Origine : France, Suisse
Durée : 1h28
Synopsis : Le village de Shologon en Sibérie est menacé par un mégafeu, mais les autorités ne sont pas tenues d’intervenir si le coût dépasse celui des dommages estimés... Sans renoncer aux singularités du lieu ni à l’imagination, images bluffantes à l’appui, le cinéaste nous plonge dans le quotidien d’une population au courage hors norme qui s’improvise combattante du terrible «Dragon».