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a touch of sin

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a touch of sin
de Zhang-ke Jia
GENRE : DrameChine, Japon · 2013 · 2h10 · Vostf
Avec : Wu Jiang, Wang Baoqiang, Zhao Tao

Dahai, mineur exaspéré par la corruption des dirigeants de son village, décide de passer à l’action. San’er, un travailleur migrant, découvre les infinies possibilités offertes par son arme à feu. Xiaoyu, hôtesse d’accueil dans un sauna, est poussée à bout par le harcèlement d’un riche client. Xiaohui passe d’un travail à un autre dans des conditions de plus en plus dégradantes. Quatre personnages, quatre provinces, un seul et même reflet de la Chine contemporaine : celui d’une société au développement économique brutal peu à peu gangrenée par la violence.

En langage officiel, on appelle cela des « incidents soudains ». Dans la Chine convertie au libéralisme sauvage et à ses inégalités, des citoyens ordinaires, victimes de l'exploitation, de l'intolérance, de la misère, retournent brutalement contre leurs bourreaux, ou contre eux-mêmes, la violence extrême, devenue banale qu'ils ont subie. Jia Zhang-ke a longuement enquêté sur ces faits divers criminels avant de concevoir A touch of sin. Il poursuit son auscultation impressionnante des bouleversements sociaux dans la Chine post-Mao, entamée en 1997 avec Xiao Wu, artisan pickpocket. Mais, en s'aventurant pour la première fois dans le film de genres (au pluriel, car A touch of sin ne se limite pas au ­polar), il donne une nouvelle ampleur à son cinéma entre documentaire et fiction qui, ces dernières années, virait parfois à la posture arty un peu aride. Place à de sidérantes scènes d'action, aussi génialement mises en scène que les plans contemplatifs dont le réalisateur de Still life reste l'un des maîtres. Les toutes premières images — une cargaison de tomates renversée sur une route — annoncent la couleur : dans A touch of sin, le rouge peut jaillir à chaque plan, comme une explosion écarlate dans la grisaille des décors industriels. Il y a le rouge des robes, celui des feux d'artifice qui illuminent la nuit froide du Nouvel An. Il y a, surtout, le rouge du sang qui gicle en abondance sur les visages et les vêtements. Le film enchaîne quatre histoires dans quatre régions différentes, quatre passages à l'acte. Ça démarre très fort avec un mineur de fond dans le Shanxi. Il a une obsession : dénoncer les magouilles d'un de ses copains d'enfance, qui a fait fortune lors de la privatisation de la mine locale avec la complicité du chef du village. Quand il va demander des explications au néomillionnaire, des sbires mafieux lui répondent à coups de pelle. Il va alors employer les grands moyens : c'est avec un fusil de chasse au gros calibre et à bout portant qu'il impose la justice. Puis c'est un jeune père loin de son foyer qui flingue, un peu au hasard, des passants avant de les dépouiller. Avec la même efficacité, le même visage imperturbable qu'un héros de Johnnie To. Après le thriller, les arts martiaux. Le cinéaste confie à son égérie, Zhao Tao, le rôle d'une réceptionniste humiliée par les clients dans un sauna. Quand la jeune femme se fait insulter et frapper avec une liasse de billets, elle se métamorphose en guerrière de kung-fu, avec pour seule arme un couteau à fruits. Qui fait autant de dégâts qu'un sabre dans les films de Tsui Hark. Des quatre parcours tragiques racontés par le film, celui de l'adolescent est le plus poignant, inspiré des cas de suicide chez Foxconn, le sous-traitant d'Apple. Le désespoir du petit ouvrier, privé d'ascension sociale, de reconnaissance et même d'amour, apparaît comme la conséquence de tous les dysfonctionnements de la société chinoise. Corruption généralisée, précarité absolue des travailleurs migrants traités comme des parias, cynisme des nouveaux riches qui dilapident leurs yuans dans les bras d'escort-girls déguisées en gardes rouges... Dans cette jungle, qui, à l'heure de la mondialisation, n'est ­hélas pas l'apanage de la Chine, les plus faibles n'ont plus que leur instinct de destruction pour survivre. Et leur animalité : chaque déchaînement de violence est précédé d'une rencontre étrange avec des bêtes, une vipère glissant sur le bitume, des buffles en route vers l'abattoir, un cheval martyrisé par son propriétaire... Parenthèses magnifiques qui propulsent ce film, ô combien réaliste, vers l'imaginaire. A la brutalité des rapports humains, Jia Zhang-ke oppose la résistance par l'oeuvre d'art, qui est autant catharsis que consolation. Dans l'ultime séquence, l'employée de sauna assiste fascinée à la représentation en pleine rue d'un opéra traditionnel, L'Interrogatoire de Su San. Et trouve dans cette histoire sublimée d'une héroïne accusée de meurtre, un écho à son propre ­destin. Au-delà de son message d'alerte salutaire sur l'état de la Chine, A touch of sin est, aussi, un hommage vibrant aux humiliés et offensés du monde entier. Et à l'art qui les sauve. — Samuel Douhaire





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