TESNOTA, UNE VIE À L’ÉTROIT

TESNOTA, UNE VIE À L’ÉTROIT

TESNOTA, UNE VIE À L’ÉTROIT

Réalisateur(s) : Kantemir Balagov
Acteur(s) : Darya Zhovner, Veniamin Kats, Olga Dragunova, Atrem Tsypin, Nazir Zhukov
Genre(s) : Drame
Origine : Russie
Durée : 1h58
Synopsis : 1998, Nalchik, Nord Caucase, Russie. Ilana, 24 ans, travaille dans le garage de son père pour l'aider à joindre les deux bouts. Un soir, la famille et les amis se réunissent pour célébrer les fiançailles de son jeune frère David. Dans la nuit, David et sa fiancée sont kidnappés et une rançon réclamée.

Tesnota aurait pu être un énième film sur l’histoire d’une jeune femme prise au piège des traditions culturelles et religieuses de sa famille, mais c’eut été sans compter sur le talent prometteur de son jeune réalisa- teur (26 ans) et sa volonté de filmer aussi sa région natale, rarement évoquée au cinéma : le Caucase du Nord. Dès la première scène, Ilana (fascinante Daria Jovner dans son premier rôle au cinéma), jeune insou- mise d’une petite communauté juive, captive l’attention du spectateur jusqu’à l’entraîner avec elle dans le tumulte du drame familial déclenché par l’enlèvement de son frère par des malfrats kabardes. Le décor exi- gu et étouffant est planté. Alors qu’elle fréquente secrètement, Zalim, jeune kabarde musulman dont les amis regardent avec fascination des images de combattants tchétchènes exécutant des soldats russes (à noter que ces images sont particulièrement choquantes), Ilana subit les forces d’attraction et de répulsion de ses propres sentiments aussi intensément que son désir de liberté dans cet environnement familial et social particulièrement vulnérable. Le résultat est stupéfiant. Jeune ka- barde né dans cette région qui a connu plus d’affrontements ethniques et de fondamentalisme religieux que n’importe quelle autre partie de la Russie au cours des dernières décennies, Kantémir Balagov puise son inspiration dans ce contexte et propose un âpre constat sur la cohabita- tion des communautés dans un Caucase miné. Pour autant, le jeune ci- néaste, formé par Alexander Sokourov, livre un premier long-métrage vif, sensible et intense. Par ses choix artistiques, il réussit avec beaucoup d’audace à donner corps au titre qu’il a choisi et à traduire non seulement les émotions de ses personnages, mais aussi leur condition dans cette promiscuité qui menace à chaque instant. ⎥ Julia Pereira

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